Comprendre l’escroquerie

Note pédagogique #6 sur la fraude

Escroquerie ordinaire (la prisonnière espagnole)

Formellement appelée “la prisonnière espagnole”, il s’agit d’un type d'escroquerie qui remonte à l'Espagne du XVIe siècle et reste l’une des formes les plus populaires actuellement. 

Un seigneur recevait un message du type « Une princesse espagnole très riche et très belle est détenue par les Turcs, envoyez telle somme d'argent pour la libérer et elle viendra vous épouser ».

Remaniée, la technique est appliquée au XIXe siècle sous le nom de lettre de Jérusalem, puis renouvelée au XXIe siècle, où elle se retrouve notamment dans les courriels (emails) et les SMS sous forme d’arnaque électronique ("Fraude 4-1-9" ou "l'arnaque du prince nigérian").

Si les variantes sont très nombreuses, le concept de cette escroquerie est toujours de faire croire à la victime qu'elle recevra une énorme récompense à condition qu'elle accepte d'avancer une certaine somme d'argent. Un élément romantique y est ajouté afin de diminuer la vigilance de la victime.

Cette technique est utilisée de façon très habile sur des sites de rencontre gratuits, dans le but de soutirer une somme coquette d'argent en un temps convenable. L'escroc, qui se fait passer pour une jeune et jolie femme envoie un message où il donne une adresse email privée. La victime, un homme lui répond et une correspondance privée s'engage. Au début la femme raconte sa vie, donne des éléments de sa vie, et raconte ses déceptions, et l'envie qu'elle a de rencontrer quelqu'un de bien. Elle envoie également quelques photos. L'homme victime répond et rentre alors dans une correspondance suivie. Il ne se doute de rien, parce que les mails sont très plausibles et l'escroc s'arrange parfois pour y mettre quelques réponses à des questions posées. Progressivement, la femme semble tomber amoureuse, et expose des idées de mariage, disant à l'homme que celui-ci est l'homme de sa vie, elle veut absolument le rencontrer. Elle a l'impression qu'ils sont faits l'un pour l'autre. L'homme y croit, et arrive le moment de la rencontre. Mais au dernier moment, un problème énorme se présente, et la femme demande de l'argent pour résoudre le problème. L'homme célibataire, déjà presque amoureux à distance, et voulant absolument rencontrer la personne, hésite, puis finit par envoyer de l'argent. Une fois l'argent envoyé, plus aucune nouvelle. L'escroc a réussi son coup.

Une variante de la précédente escroquerie consiste à faire croire au « pigeon » qu'une jeune et belle femme russe est traquée par la mafia qui l'a enlevée et battue (la femme porte des traces de violence physique) dans le but de la prostituer ; de surcroît les « proxénètes » menacent la famille de la jeune femme restée au pays de représailles sanglantes en cas d'indocilité de celle-ci. Pour plus de crédibilité de l'histoire, l'homme victime de l'escroquerie sera en contact physique avec les mafieux, qui le menaceront et le mettront à l'amende pour qu'il puisse « racheter la liberté » de la jeune femme (le « pigeon » ne doutera pas de l'existence des mafieux). La menace pesant sur la famille de la jeune femme le dissuadera d'avoir recours à la police. Après le paiement la jeune femme disparaîtra. La transaction étant réglée en espèces, sa traçabilité sera quasi nulle.

Ces arnaques reposent sur la création de liens affectifs forts qui sortent de toute logique habituelle et font appel à des émotions intenses. Ces émotions sont suscitées en ayant recours à des photos attractives, des profils de rêve sur des sites de rencontre, des lettres flatteuses,  etc. La stratégie consiste principalement à obtenir de la victime qu'elle tombe amoureuse et ait envie d'être avec l'arnaqueur. La promesse d'un mariage est aussi courante.

L'arnaque à l'irlandaise est un type de vol par ruse. Plusieurs individus se présentant comme irlandais ou comme des étrangers de pays quelconque, parfois constituant ou semblant constituer une famille, se présentent aux victimes en leur racontant s'être fait voler leurs biens (papiers, argent et cartes) et ayant besoin d'argent pour faire le plein de carburant afin de rentrer en Irlande tout en leur assurant qu'il les rembourseront très rapidement - proposant éventuellement une reconnaissance de dette.



Le Hameçonnage (phishing) : par email (ou spam) incitant à :

  • Collaborer à des transferts d'argent ou 
  • Communiquer ses données bancaires sous prétexte de vérification en se faisant passer pour une banque ou une société ayant pignon sur rue (hameçonnage) ou 
  • Acheter d'obscurs titres cotés en bourse afin de faire monter leur cours au profit d'un escroc qui pourra les vendre au prix fort (agiotage ou bouilloire). 

La Cavalerie

Une cavalerie est une escroquerie basée sur la collecte de nouveaux fonds et pour effectuer les remboursements des anciens fonds visant à donner confiance. Une vitrine fictive sert à expliquer les gains auprès des bailleurs de fonds qui sont généralement des institutions financières ou des entreprises (contrairement aux systèmes de ponzi dans lesquels les proies préférées des criminels sont les individus, quoiqu’ils acceptent toutes sortes de sous, quelle que soit la provenance).

L'exemple canonique est basé sur une fausse entreprise qui ouvre des comptes dans deux banques. Un premier emprunt est fait dans la première banque, l'argent sert à justifier auprès de la seconde banque la possibilité de faire un nouvel emprunt (plus gros), qui sert à payer le premier emprunt, etc. Le système s'écroule lorsque l'escroc n'obtient pas le énième prêt : il sait alors qu'il ne pourra pas rembourser le ou les prêts précédents qui lui restent et il est temps de clore l'escroquerie.

En crédit à la consommation, on parle de cavalerie lorsqu'un client prend un crédit à la consommation pour en rembourser un autre qu'il n'arrive plus à rembourser. En général, le nouveau crédit pris est plus cher que le premier, puisque plus facile à contracter. Le client entre alors dans une spirale négative : le second crédit n'est pas mieux remboursé que le premier, et le client est alors tenté de poursuivre la cavalerie, en trouvant un nouveau crédit à la consommation pour éponger le second. Ce procédé peut entraîner la banqueroute du client.


Les Systèmes pyramidaux 

La vente pyramidale est une forme d'escroquerie dans laquelle le profit ne provient pas vraiment d'une activité de vente comme annoncé, mais surtout du recrutement de nouveaux membres. Le terme « pyramidale » identifie le fait que seuls les initiateurs du système (au sommet) profitent en spoliant les membres de la base.

Ce système se camoufle fréquemment derrière les termes de «marketing multi-niveaux» ou «commercialisation à paliers multiples» (en anglais multi-level marketing ou « MLM »), bien que des différences fondamentales existent, qui permettent à certains pays d'interdire la vente pyramidale alors que la vente multi-niveaux reste permise (en France par exemple).

Le système de vente pyramidale peut être décelé par une disproportion entre la valeur réelle d'un bien à vendre (« paquet ») ou l'opacité qui entoure ce paquet, et l'argent procuré par le système de filleuls (les nouvelles recrues que chacun invite).

L’internet connaît ses propres versions de systèmes pyramidaux, notamment avec le fameux spam « MMF » (Make Money Fast).


Autres formes d’Escroquerie

  • Escroquerie à l’assurance
  • Le Vol d’identité
  • La Fraude de cartes de crédit
  • La Fausse loterie
  • La Demande de dons frauduleux
  • L'émission intentionnelle de chèque sans provision
  • La carambouille (vente d'un produit qui n'appartient pas au vendeur)
  • L'escroquerie sur l'investissement FOREX et la bourse (faux Trading)
  • Et bien d’autres.

Cette série est le fruit d’un partenariat entre la boite American Audit et le Think Tank Benin du Futur.  

Dallys Tom Medali est Expert-comptable à New York (CPA), mais aussi expert dans la prévention et la détection de fraude (CFE) et expert dans la lutte contre le blanchiment d’argent (CAMS). Il a étudié et travaillé au Benin avant d’aller aux Etats Unis où après des études additionnelles, il a travaillé dans les plus grands cabinets internationaux d’audit et de consulting à New York et à travers les Etats-Unis. C’est bien d’aider les grandes banques et autres clients à régler leurs problèmes, mais c’est encore mieux de contribuer à l’éveil de son pays.

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